On ne peut pas dire que Sandrine ait eu une enfance facile… Placée dans des familles d’accueil depuis l’âge de dix-huit mois, elle se définit comme « une enfant pupille de l’État ».
Témoignage de Sandrine Bier, anciennement accompagnée par le FAR Le Château de Pont-de-Metz
Sandrine ne sait rien de sa famille, elle n’a pas connu ses parents et ignore si elle a des frères et sœurs. Mais elle le vit bien. Elle ne ressent pas le besoin de rechercher ses origines.
Durant son enfance, elle fut accueillie dans une famille d’accueil où il y avait déjà trois autres filles, dont deux d’entre elles placées. Elle n’avait pas sa place. Ce fut
une période très sombre durant laquelle elle développa des comportements « délinquants », notamment des vols et une scolarisation difficile. C’est à l’âge de quatorze ans que Sandrine est orientée au Foyer d’Aide et de Réinsertion (FAR) Le Château, l’année de son passage en BEP. Son arrivée dans l’établissement est un réel soulagement, une bulle d’oxygène.
Elle y est reste jusqu’à ses dix-neuf ans, ce qui lui vaut d’être la plus ancienne des filles accompagnées de l’époque.
Elle avait d’ailleurs une place privilégiée au sein de l’établissement car le weekend, elle n’allait évidemment pas rendre visite à sa famille. Pour elle, il s’agissait de moments merveilleux où elle restait uniquement avec quelques filles ainsi que les éducateurs, ce qui lui a permis de créer des liens forts avec eux.
L’accompagnement dont elle a bénéficié a été vital. L’équipe éducative du FAR Le Château l’a transformée grâce à sa bienveillance. Elle a pu acquérir une ouverture d’esprit et une estime d’elle-même, avec des perspectives positives
pour son avenir. « Les éducateurs ne m’ont jamais jugée ou limitée dans mes choix. Grâce à eux, j’ai acquis une image positive de moi-même, alors que durant mon enfance, c’était l’inverse », affirme-t-elle.
Son BEP en poche, on lui propose de reprendre un cursus en BAC technologique comptabilité. Et en terminale, c’est le concours de la prépa HEC, section technologique, qu’elle passe avec brio et qu’elle va suivre pendant deux ans. Sa détermination ne s’arrête pas là. N’ayant pas obtenu de financement pour intégrer la célèbre École des Cadres, elle s’oriente vers la Faculté d’économie où elle suivra quatre années d’études. Elle obtient le Concours d’Accès au corps des Professeurs de Lycée Professionnel.
Elle enseignera treize ans en lycées professionnels, avec une réelle motivation pour aider les élèves décrochant du système scolaire.
Aujourd’hui, Sandrine est Conseillère Principale d’Éducation (CPE) dans un collège du Réseau d’éducation Prioritaire. Son histoire constitue sa force au sein du collège. Elle a en effet une vision différente du comportement que peuvent avoir les élèves avec les professeurs par exemple, ce qui est un atout majeur pour les comprendre et résoudre certaines difficultés.
“Si je n’avais pas été accompagnée par le FAR Le Château, je n’aurais absolument pas la même vie. C’est une vraie bénédiction !”
– Sandrine Bier
A quarante-huit ans, Sandrine est maintenant une femme épanouie. Elle partage sa vie depuis vingt-six ans avec son compagnon, qu’elle a rencontré lorsqu’elle travaillait dans un restaurant.
Ensemble, ils ont eu deux enfants dont elle est très fière : Julien, âgé de vingt-et-un ans et Eméra, dix-sept ans. Très discrète, il n’y a que ses proches qui connaissent son passé.
Grâce à l’accompagnement de l’équipe du FAR Le Château, Sandrine a pu s’en sortir. C’est sa force de caractère qui l’a emmenée vers la réussite. Son témoignage est une belle leçon de vie !
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