Danièle, Jeanine et Patricia sont arrivées dans l’établissement de Merris lorsqu’il était encore un hospice tenu par une congrégation religieuse. Elles avaient à l’époque respectivement sept ans et demi, seize et quinze ans. Aujourd’hui, ces trois dames emblématiques sont à peine plus âgées, ayant chacune d’entre elles quatre-vingts, quatre-vingts cinq et soixante-trois ans.
Danièle Mathieu, Jeanine Vanmeenen et Patricia Sueur, Résidentes au Foyer de vie de Merris
L’époque des religieuses était implacable. Chacune explique les rudes situations qu’elles ont pu traverser. L’hospice accueillait quatre-vingt jeunes filles, réparties en deux dortoirs. Tous les dimanches, elles se levaient à 5h du matin pour aller à la messe avec les soeurs. Lorsqu’elles n’étaient pas prêtes, elles se faisaient sévir. A cette époque, le matin, la toilette s’effectuait à l’eau froide et sans chauffage. « Les punitions étaient régulières et pas toujours justifiées » affirme Patricia. Après l’école, elles se remettaient au travail pour la collectivité. Elles avaient notamment en charge l’intendance de l’hospice avec la gestion des lessives, du repassage et des repas. Elles aidaient les personnes les plus dépendantes, en les assistant pour manger ou pour faire leur toilette. Toutes les filles dinaient à 19h avec les religieuses pour ensuite faire la prière et enfin pour faire la vaisselle jusque 22h. Et lorsqu’elles avaient terminé leurs tâches, elles devaient rester très discrètes en arrivant dans le dortoir pour éviter de faire grincer le plancher.
Cela a été leur quotidien durant toute leur enfance. En ce qui concerne leurs familles, elles ont très peu de proches. Jeanine a deux soeurs, dont une qui vit également à Merris.
Danièle, quant à elle, reste en lien avec deux cousines, elle ne les voit pas mais leur écrit régulièrement. Dans leurs albums de famille, s’entremêlent des photos de leurs proches mais aussi des professionnels. En 1997, l’établissement est repris par l’ASRL.
Un nouveau projet est travaillé et engendre une première modernisation. Celle-ci permet aujourd’hui aux trois copines de vivre ensemble dans un studio au sein du Foyer de vie de Merris. « Nous sommes bien ici. Maintenant, nous pouvons parler aux éducatrices. Nous pouvons faire nos propres courses et sortir quand on le souhaite » explique Danièle. Chacune a son organisation. Patricia est la « lève-tôt » du groupe. Tous les jours, elle se lève à 6H30 mais fait la sieste durant la journée. Quant à Jeanine et Danièle, elles ont l’habitude de regarder la télévision ensemble après le déjeuner. Elles se mettent toujours d’accord pour regarder les mêmes émissions. Une fois par semaine, Danièle se propose d’aider à préparer les repas pour l’ensemble des habitants du Foyer. Leur emploi du temps est bien planifié avec le matin, les activités au studio et l’après-midi, des ateliers organisés au sein du Foyer.
“Nous sommes aujourd’hui apaisées. Nous vivons à trois dans un des studios du Foyer et nous souhaitons y rester. C’est toute notre vie !”
– Danièle, Jeanine et Patricia
Chacune a ses activités favorites. Danièle adore la broderie et les activités ménagères, qui restent des habitudes bien ancrées. Patricia adore aller marcher, faire de longues ballades. Enfin, Jeanine préfère la broderie, les mots-mêlés, la peinture et la sculpture.
Ces trois femmes ont un point commun. Elles ont une forte culture du travail et n’aiment pas rester sans rien faire. Elles réalisent également un rituel chaque année, celui d’aller à Lourdes. Un lieu et un destin communs, une histoire forte, c’est ce qu’a partagé pendant ces nombreuses années ce trio féminin très touchant !
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